Un arbre
Un arbre
Qu’y a-t-il de plus beau qu’un arbre
Dont le panache et la droiture
Ne sauraient pas laisser de marbre
Ceux qui se plaisent dans la nature.
Ses feuilles servent en harmonie
De cordes de lyre à tous vents
Et dans la douceur des belles nuits,
Leur mélodie monte en chantant.
Tour à tour les saisons qui passent
Lui offrent ses plus beaux atours
Que je regarde de place en place,
Emerveillée de jour en jour.
Le printemps le transforme en boule
De fleurs de toutes les couleurs,
Protégeant tous les oiseaux saouls
D’amour, d’ivresse et de bonheur.
L’été le charge de beaux fruits
Qui font la joie de chaque enfant,
Et il abrite chaque nuit
Les tendres ébats des amants.
L’automne le peint couleur de gloire,
De rouges orangés éclatants,
Dernier rayonnement du soir
Avant l’hiver, déshonorant.
Si ce dernier le met à nu,
C’est pour mieux montrer à qui veut
La force de son tronc fourbu
Où chaque souvenir a un nœud.
Car il a vu passer les ans
Au milieu de ce monde hostile ;
Il a cent ans, il a mille ans,
Il a vu grandir toutes les villes.
Si sa grandeur le rend lointain,
Sa générosité surprend
Lorsqu’on se cache entre ses mains
Pour fuir toute la colère du vent.
Pourtant les hommes, bêtes et méchants,
L’assassineront à coups de hache,
Brisant le plus beau des serments
Qui avait traversé les âges.
Tous les enfants de Brocéliande,
De la jungle et d’Amazonie,
Un à un se meurent ou se rendent,
Laissant s’envoler leur magie.
Adieu Merlin, adieu Gaïa ;
Les hommes, maudits, le regretteront,
Ce peuple qui un jour oublia
Que nous sommes tous nés du même tronc.