La complainte de l'amoureux malheureux...
La complainte de l’amoureux malheureux…
Je loue du bout du cœur une reine si belle,
Et sa beauté si noble me fait tant souffrir
Que je ne saurais vivre longtemps au loin d’elle
Mais ne peux que mourir en la voyant sourire.
Ses lèvres sont des fleurs épanouies, éclatantes
Dont la courbe me semble un pétale audacieux,
Rouge comme la rose à l’odeur envoûtante,
Dont le frémissement me parait délicieux.
Sa peau est une étoffe plus chère que la soie,
Et s’il m’était donné de pouvoir l’effleurer,
Je la sentirais douce et fraîche sous mes doigts,
De sa clarté nacrée je serais éclairé.
Sa blonde chevelure illumine mes yeux,
Je suis, hypnotisé, ses mouvements célestes
Lorsqu’une brise vient caresser ses cheveux
Qui volent en oiseaux majestueux et lestes.
Son corps plein de maintient à des formes si pures
Fin et insaisissable ainsi qu’une libellule,
Qu’on ne saurait en faire d’aussi beaux en peinture,
Lorsque l’on le devine sous sa robe de tulle.
Ses yeux enfin sont des joyaux inestimables
Qui brillent des milles feux d’un ciel étoilé ;
Bleus comme ceux d’un ange, et vifs, et adorables,
Et remplis d’un mystère qu’on ne peut dévoiler.
Mais autant que je loue je me vois méprisé
Car un poète n’est pas un amant pour une reine,
Et ne pouvant rêver un seul de ses baisers,
En amoureux déçu, je ravale ma peine.