Chambre rangée, Mémoire effacée
Chambre rangée, Mémoire effacée
J’aurais donné plus qu’une vie pour vous garder
Et c’est bien malgré moi qu’on vous a enlevés
Un par un feuille par feuille tous mes doux souvenirs
Que je gardais dans un espoir de les finir
Une poupée de chiffon bleu aux yeux brillants
Qui s’est faite gardienne de mes nuits en me veillant
Finira désarticulée, abandonnée
Dans ses vieux habits passés, délavés, fanés.
Un vieux caramel desséché mais conservé
Que mon premier amour d’été m’avait donné
Dernier vestige du temps des hirondelles
Se voit cruellement jeté dans la poubelle.
Un fidèle stylo vide d’encre qui connaissait
Tous les secrets, tous les chagrins que j’écrivais
Gît, brisé en deux sur le sol, arme inutile
Qui laisse s’envoler l’âme de mes idylles.
Un mot griffonné en cachette lors de l’étude
Par une douce amie perdue, si jeune, si prude
Est déchiré, souillé par des mains indiscrètes ;
Nos innocents pêchés ne sont plus que défaites.
Un dernier brouillon de poème, jamais copié,
Aux mots naïfs et maladroits s’est envolé :
Ce qui me reste de mon enfance est perdu,
Il ne reste plus trace de mes rêves éperdus.