Regarde l'oiseau...
Regarde l’oiseau…
Et quand j’irai les pieds devant
Après la visite du croque-mort,
Regarde encore vers le levant
Une dernière fois cet oiseau d’or.
Ne vois-tu pas dans ses yeux noirs
Ce qui faisait que tu m’aimais,
Cette lueur comme un espoir
Qui reste allumée à jamais ?
Ses plumes blondes comme mes cheveux
Se laissent porter par la brise ;
Ce long regard comme un aveu
Devant ton âme trop indécise…
Tous ces signes, tu les connais
Pour les avoir vus bien souvent
Lorsque le soir je t’emmenais
Voler la lune aux quatre vents…
Mais pourquoi les revois-tu là,
Dans ce simple oiseau de passage ?
Mon enterrement t’a rendu las,
Pour les folies, tu n’as plus l’âge.
Mais pourquoi ne veux-tu pas croire
En ce signe aussi clair que l’eau ;
Tiens-tu tant à ton désespoir
Pour regarder ainsi l’oiseau ?
De tout ce que je t’ai appris,
C’est le secret de l’autre vie
Que jamais tu n’avais compris ;
Pourtant cela t’aurais servi.
Tu m’aurais reconnue de suite
Dans les sourires du volatile
Et tu n’aurais pas pris la fuite
Face à cette image futile.
Mais souviens-toi de ce poème
Le jour où j’irai pieds devant
Et dis-toi si jamais tu m’aimes
De regarder vers le levant
L’oiseau que je suis de venue.
Tu n’es pas pris au dépourvu
Puisque te voilà prévenu
De mon grand retour à ta vue…