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J'voulais quand même vous dire...
25 mai 2006

Lorsqu’ils rouvrirent les yeux, ils se trouvèrent

    Lorsqu’ils rouvrirent les yeux, ils se trouvèrent dans un petit jardin où régnait le calme et la plénitude. Il avait une forme carrée. En son centre se dressait un bassin sculpté de motifs floraux dans lequel se trouvait une eau claire et transparente. Des pétales de rose blanc immaculés flottaient à la surface. Le jardinet était clos par quatre haies parfaitement taillées sur lesquelles  poussaient de nombreuses fleurs de formes, de couleurs et de tailles multiples qui égayaient singulièrement le décor. Sur le sol d’herbe fraîche fleurissaient des pâquerettes au cœur jaune d’or et des violettes sauvages, minuscules. Aux quatre coins du jardin se trouvaient des arbustes, un par coin, qui pour une raison inconnue se mourraient tous, s’effeuillant lamentablement. Leurs troncs gris étaient rongés ; dans ce décor si paisible, ils semblaient représenter la misère elle-même. Enfin, en face d’eux, à moitié dans l’ombre s’élevait un trône de cristal transparent duquel émanait une lumière dorée. Dessus, comme une statue immobile et grave, Dame Nature était assise, raide et tendue mais les yeux absents. Lorsque, après quelques minutes de silence elle se leva pour s’avancer vers Céline et Patrick, ils purent l’admirer dans toute sa splendeur. Car elle était réellement belle ; mais pas de cette beauté froide qui caractérise certaines femmes et attire les hommes. Ses jambes longues et fines se déplaçaient avec aisance sous sa longue robe noire qui lui moulait sa taille très fine avec élégance. Elle était mince sans être maigre. Ses bras nus ressortaient blancs sur le noir de la robe. Mais le plus impressionnant était sans nul doute son visage. Il avait une forme triangulaire avec un menton très étroit qui surplombait sa gorge couleur de la rose blanche. Sa bouche était étroite, et ses lèvres charnues étaient d’un rose légèrement passé. Ses pommettes saillantes étaient un peu colorées, ce qui rompait avec la trop grande pâleur de sa peau. Son nez fin et droit était comparable à celui de la reine Cléopâtre. Ses longs cheveux noirs aux mille reflets se balançaient le long de son dos, qu’elle tenait un peu cambré. Et ses yeux, marron, étaient si beaux qu’il était impossible de les manquer. Mais si quiconque y plongeait, il ne pouvait en ressortir de sa propre volonté, à moins d’être totalement insensible ou méchant au point de ne plus savoir aimer, ce qui somme toute revient au même. Ils étaient si profonds et si mouvementés que s’y noyer était simple. Son iris sans cesse en mouvements laissait tour à tour apparaître des vagues d’eaux furieuses, des montagnes de liberté ou d’épaisses et étouffantes forêts de souffrances. Bien qu’ils expriment une profonde douleur dissimulée sous une tendre mélancolie, ils gardaient leur magnificence. Ils en faisaient presque peur. Même plus ou moins conscients de leur impolitesse, Céline et Patrick la regardaient comme un enfant fasciné par son propre sang. Ils ne pouvaient détacher leur regard d’elle de leur propre chef. Elle détourna ses yeux, les libérant de l’enchantement. Il retombèrent brusquement sur terre et une pensée assaillit Céline : elle n’était pas humaine, ça ne ce pouvait pas. Elle devait appartenir à l’un des peuples dont lui avait parlé le nain. Patrick, lui, songeait simplement qu’elle aurait pu faire du mannequinât pour n’importe quelle grande marque sans problème.

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