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J'voulais quand même vous dire...
27 mai 2006

I/Destins croisés

Pour un instant ailleurs…

I/Destins croisés.

    Le soleil se couchait doucement sur la plaine de Baliande, rougissant les herbes rases, jaunies par une sécheresse persévérante. Cette végétation courte et poussiéreuse s’étendait à perte de vue au sud, et d’est en ouest, si bien qu’on l’eut crue infinie si au nord, une forêt ne l’arrêtait pas. Cependant, les voyageurs l’évitaient, car de nombreuses légendes obscures couraient sur elle. Si beaucoup différaient sur certains points, toutes s’accordaient à dire que c’était une possession du Diable. Seuls quelques téméraires Traversiers s’y aventuraient, n’ayant que leur vie à y perdre. Personne ne savait s’ils en étaient ressortis, mais certains ragots médisants les dénonçaient comme des démons, des créatures au service du Diable. Au-delà de la forêt se dressaient des montagnes si hautes, disaient certains, qu’elles en touchaient les cieux. Aussi étaient-elles nommées « Montagnes des Pierres de Nuages ».

    Dans la plaine, deux silhouettes aux ombres démesurées avançaient vers le nord, sous les derniers rayons du couchant. Elles étaient à moins de deux kilomètres de la forêt, vers laquelle elles semblaient se diriger résolument. L’une d’entre elles était une jeune fille, qui n’avait pas plus de quinze ans. Elle était de taille moyenne, avec des mollets à la musculature impressionnante. Vêtue de grosses chaussures de marche, d’une jupe courte et d’un haut décolleté, elle avait une épaisse ceinture de cuir serrée à la taille. Une épée, dans son fourreau, quelques bourses de plantes médicinales et un poignard au bout recourbé y étaient accrochés. Elle portait un carquois plein de flèches et un arc en bandoulière. Sur ses frêles épaules supportaient un lourd sac à dos. Elle était en fait une mercenaire, au service des autres, tueuse à gage ou messagère, selon le client. Etait-elle Humaine ou Traversière, elle-même n’aurait su le dire : personne ne savait qui elle était. Orpheline depuis sa naissance, elle avait été élevée par un Traversier célibataire qui avait été tué sept ans auparavant, la laissant à nouveau seule. Depuis ce jour, elle avait entrepris de rechercher l’assassin, et de le tuer de ses propres mains.

    Elle se faisait connaître sous le nom de Céline Z.. Son visage était fin, encadré de cheveux courts, châtains, blondis par le soleil. Sa peau était bronzée, tannée par tous les temps et aussi dure que du cuir. Elle possédait un petit nez légèrement en trompette, arrondi au bout, petite touche enfantine dans cet ensemble prématurément grandi. Ses yeux scrutateurs aux couleurs changeantes étaient insondables. Elle arborait une expression calme, mais dure et fermée. Son masque était sa seule et unique véritable arme.

    L’homme qui marchait à ses côtés était en tous points différent, de par son visage avenant et la joie de vivre qui émanait de lui. Il était Humain, de taille normale, mais très musclé. Il était sans doute plus âgé que Céline, peut-être dix-huit ou vingt ans. Habillé d’un pantalon de toile beige et d’une chemise courte, de lin, il était également chaussé de grosses chaussures de marche. Il paraissait moins armé que sa compagne et n’en était que plus heureux. Son sac sur le dos, il allait cependant d’un pas moins assuré qu’elle, du fait qu’il était moins habitué à marcher.

    Il s’appelait Karl Bupricet et était le fils d’un aubergiste, dans un petit village de la plaine. Son père nourrissait l’ambition de promettre à son enfant un destin plus glorieux que le sien. Aussi, dans un but mystérieux, lui avait-il remis une lettre dont lui seul connaissait le contenu. Après avoir mandé la mercenaire pour l’accompagner, il avait envoyé le jeune homme remettre la lettre à un roi d’une autre région, fort lointaine.

    Karl, en fils soumis et obéissant, avait obéi, et était donc sur la route, avec la mercenaire. Il avait des cheveux bruns, bouclés et assez longs pour un garçon, des ridules au coin de la bouche, fruits de nombreux sourires et une barbe naissante. Son nez, de taille quelque peu supérieure à la moyenne, était recouvert de tâches de rousseur. Ses yeux charmeurs et expressifs avaient une couleur marron, chaude et amicale. Bien des jeunes filles, voulant se réchauffer au feu de son regard, s’y étaient brûlé le cœur.

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